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Troisième colloque francophone de psychiatrie infanto-juvénile de Dakar
Lieu : Université Cheikh Anta Diop 2 de Dakar
Le Colloque est organisé par le Service de psychiatrie du CHNU de Fann, avec la collaboration de l’ASPsy (Association Sénégalaise de Psychiatrie), des sections française et belge de l’AEPEA (Association Européenne de Psychopathologie de l’Enfant et de l’Adolescent) et de l'AFERPIJ-FV (Association pour la Formation, les Échanges et la Recherche en Psychiatrie Infanto Juvénile de la Fondation Vallée).
Le Colloque dure deux jours. Les matinées seront consacrées à des exposés théorico-cliniques (3 exposés de 30 minutes en séance plénière, suivis d’une discussion en petits groupes et d’une synthèse en séance plénière.). Les après-midis seront consacrés à des présentations cliniques avec discussion en petits groupes suivies d’une synthèse en séance plénière.
Le nombre de participants est limité à une centaine d’inscrits, afin d’assurer la fluidité des échanges et l’implication active de chacun dans le travail d’élaboration collectif.
Nos institutions, de soins, d’enseignement et de formations, nos familles, …, comportent leurs propres histoires qui s’intriquent et s’influencent avec nos histoires personnelles. En ce compris nos « préhistoires » individuelles. Dans ces relations se retrouvent bien des croyances, des tabous, des secrets, des interdits de voir, de toucher ou de dire qui font partie des transmissions, parfois en creux. Il existe également des choses sacrées, précieuses, emblématiques, des dons, des legs, …, que chaque génération aurait besoin de transmettre des ascendants aux descendants, mais parfois aussi à rebours. Ces processus de transmission passent par l’identification, la projection, l’imitation et parfois par l’inconscient collectif. Mais les enjeux sont souvent plus complexes et s’expriment dans notre clinique quotidienne à travers les phénomènes de contagion, d’inhibition collective, de répétition, de dates anniversaires, …, des mécanismes de loyauté invisible, de dettes et de mérites, …
En Afrique, au Sénégal plus particulièrement, l’institution psychiatrique s’est imposée à la faveur de la colonisation et s’est très vite confrontée aux pratiques mystiques ancestrales, souvent dans un élan de collaboration. Dans cette confrontation, s’opposent encore les caractères tabous ou sacrés de connaissances et techniques traditionnelles d’une part et ceux des croyances scientifiques modernes. Les « non-dits » sont foison, mais à quel avenir sont promis ceux qui oseront ouvrir les « placards psychiques » ? Les soins médicaux en général et psychiatriques en particulier ont du mal à être considérés à leur juste place dans les politiques de l’état, se traduisant par des budgets étriqués, des cadres restreints et des fonctionnements irréguliers. Les conséquences les plus voyantes en psychiatrie s’observent dans les rues des grandes villes où errent les malades mentaux et dans les médias relatant la recrudescence de faits criminels liés à la maladie mentale. Pourtant, « l’homme est le remède de l’homme », selon un adage classique et la vie humaine reste considérée comme sacrée, dans notre pays à grande majorité musulmane.
En Europe, globalement, les restrictions budgétaires, les contraintes administratives, mais surtout des conceptions utilitaristes et opératoires des soins méconnaissant le fonctionnement du psychisme humain sont en train de mettre à mal des décennies de progrès dans l’organisation des soins de santé mentale. Y a-t-il une rupture dans les transmissions ? Y fait-on place à une prise en compte des croyances, des tabous, du sacré ?
Nous convions les différents participants à ce colloque de Dakar, pour tenter d’analyser – à travers notre outil commun, l’expérience de la clinique et du soin psychique - les aspects actuels de la vie dans nos institutions et y découvrir comment s’y révèlent, pour le meilleur et pour le pire, la face cachée des mythes supposés traditionnels et des réalités dites objectives. Ainsi pourrons-nous peut-être mieux faire face aux différents défis qui se posent, et enrichir l’espace de rencontre entre professionnels et patients, pour de meilleurs soins, dans – et à ? - un monde qui change …
Comité d’organisation : Patrice Dubus (France), Lamine Fall (Sénégal), Jean-Paul Matot (Belgique)